
Les grands lacs de la Seine
Si les parisiens connaissent plus ou moins leur risque de bain de pieds, rappelé régulièrement par la simulation d’une crue de la Seine organisée par Vigicrues, le grand débordement qu’a connu Paris en 1910 est bien loin derrière nous. Cependant, si la Seine n’a pas cherché à visiter plus en détail la capitale depuis si longtemps, c’est grâce à un certain nombre d’installations d’envergure, en particulier la construction des grands lacs de la Seine. Ces lacs, au nombre de quatre (trois en Champagne humide et un dans le Morvan), permettent de réguler le débit de la Seine, en captant l’excédent d’eau. Le premier lac à voir le jour est celui de Pannecière, dans le Morvan, dont les travaux s’achèvent en 1949. A la confluence de l’Yonne et de l’Houssière, il régule l’Yonne, affluant de la Seine. Suivront la construction du lac d’Orient en 1966, et celle, en 1974, du plus grand lac artificiel d’Europe (hors lacs de barrage), le lac du Der-Chantecoq, qui représente à lui seul une superficie de 48 km2 et 350 millions de mètres cubes d’eau. Enfin, les deux petits derniers, les lacs Amance et du Temple, voient le jour en 1990. Mais cet étalage de dates n’a pas pour objectif d’encourager notre visiteur à bâiller en quittant cette page. Il fallait simplement souligner la relative jeunesse de tous ces lacs, qui pourtant ont su merveilleusement s’intégrer au paysage, en particulier en Champagne humide où la terre argileuse profite tout particulièrement aux nombreux étangs et mares déjà présents.

Cette situation, propice à l’enrichissement de l’avifaune, n’a pas toujours été acquise : pour construire le lac du Der-Chantecoq, par exemple, il aura fallu détruire des hectares de forêts et exproprier les habitants de plusieurs villages : Chantecoq, Nuisement-aux-Bois et Champaubert-aux-Bois, dont seule l’église de ce dernier est encore visible, surplombant le lac. Progressivement, la nature a cependant repris ses droits : le Der-Chantecoq ayant la particularité de voir son niveau d’eau diminuer fortement en automne-hiver, il laisse dans ces périodes de nombreux îlots à découvert, et contribue ainsi à l’apparition de généreuses vasières. Pour cette raison, le site est maintenant une Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS). Cet environnement accueille chaque année de nombreux oiseaux migrateurs, qui l’ont choisi comme point d’étape ou même comme zone d’hivernage ! La visiteuse la plus connue du lieu est sans aucun doute la célèbre grue cendrée, dont plusieurs centaines de milliers d’individus passent chaque année au lac. Cet afflux d’oiseaux contribue également à l’arrivée massive d’une autre population migratrice : celle des ornithologues, qui sont des centaines chaque année à se presser au bord du lac.

Wazo – Cité internationale des Oiseaux intervient sur l’ensemble du plan d’eau et ses environs immédiats. Plusieurs des forêts autour du lac bénéficient également d’une protection renforcée : le « bois des moines », par exemple, situé à proximité de l’antenne champenoise de la Cité internationale des Oiseaux, est propriété du Conservatoire du littorale.